Entretiens

06.03.2025

La société coréenne se diversifie. Le pays compte près de 2 660 000 ressortissants étrangers résidant sur son territoire, soit 5 % de sa population, selon les données du ministère de la Justice pour l'année 2024. Cette série d'entretiens met en lumière les portraits de ceux qui contribuent à faire de la Corée un pays de plus en plus diversifié ethniquement, culturellement et socialement.


Par Kang Gahui

Dans le dojang de l’université de Yongin, Byeon Jaeyoung, 16 ans, exécute un poomsae, une série de mouvements qui reprennent les techniques fondamentales du taekwondo. En décembre dernier, il a remporté le championnat du monde de poomsae freestyle 2024 chez les moins de 17 ans en établissant un nouveau record du monde à 9,54 points.

Byun Jaeyoung exécute un poomsae au dojang de l’université de Yongin, dans le Gyeonggi, le 25 février 2025. © Lee Jun Young / Korea.net

Byeon Jaeyoung exécute un poomsae au dojang de l’université de Yongin, dans le Gyeonggi, le 25 février 2025. © Lee Jun Young / Korea.net


Au poomsae freestyle (libre), les athlètes doivent exécuter cinq coups de pied différents : latéraux, multiples, tournants, consécutifs et acrobatiques, tout en se déplaçant au son de la musique. La discipline a intégré les championnats du monde de taekwondo en 2012.

« Je ne m'attendais pas à obtenir un score aussi élevé », sourit modestement Jaeyoung. « L’ambiance à Hong Kong était très détendue, alors je n’étais pas aussi nerveux que je le suis d’habitude, mais gagner ma première médaille d’or sous les couleurs de la Corée a été une immense joie », confie-t-il.

Byeon Jaeyoung s’est particulièrement distingué par sa technique irréprochable et sa créativité. C’est trois mètres au-dessus du sol qu’il exécutera huit fois d’affilée son coup de pied acrobatique, qui lui vaudra la victoire.

La performance de Byun Jaeyoung en poomsae libre lors des championnats du monde 2024, à Hong Kong, le 1er décembre 2024. © Fédération mondiale de taekwondo

La performance de Byeon Jaeyoung en poomsae libre lors des championnats du monde 2024, à Hong Kong, le 1er décembre 2024. © Fédération mondiale de taekwondo


C'est sa mère qui l'encourage à essayer le taekwondo, à l'école primaire. En troisième année, il commence à rêver de représenter son pays en regardant une vidéo des K-Tigers, une troupe de danseurs utilisant le taekwondo dans leurs performances. Ce n'est qu'en deuxième année de collège (équivalent de la quatrième en France) qu'il s’y investit pleinement.

Un an d’entraînement a été nécessaire avant d’être sélectionné dans l’équipe de Corée. Mais plusieurs blessures, dont une luxation de l’épaule, ont freiné son apprentissage de mouvements toujours plus périlleux. « Le plus important pour réussir est de persévérer, de se laisser tenter par ce qui est nouveau et de toujours chercher les moyens de parvenir à ses fins », explique-t-il.

Byun Jaeyoung lors de son interview avec Korea.net à l’université de Yongin, dans le Gyeonggi, le 25 février 2025. © Lee Jun Young / Korea.net

Byeon Jaeyoung lors de son interview avec Korea.net à l’université de Yongin, dans le Gyeonggi, le 25 février 2025. © Lee Jun Young / Korea.net


Son plus grand soutien a toujours été sa famille. Enfant, il se souvient avoir passé toutes ses vacances d'hiver dans le pays d’origine de sa mère, les Philippines. Aujourd’hui, s'il est plus difficile d’y retourner aussi souvent qu’auparavant, le jeune homme correspond toujours avec sa famille maternelle par appel vidéo. « Ils sont fiers que je représente la Corée et me demandent toujours de faire une démonstration ! » 

« Ce qu'il y a de mieux quand on est issu d'un couple mixte, c’est de pouvoir manger la nourriture de deux pays ! », s’exclame Jaeyoung. « Si certaines personnes ont encore des stéréotypes négatifs sur les familles multiculturelles, la Corée est maintenant dotée d'un environnement et d'un système qui permettent à tout le monde de réussir », explique-t-il.

Le jeune prodige espère cette année remporter une médaille aux championnats asiatiques de la jeunesse de taekwondo poomsae, prévus en Malaisie. Avec un seul souhait, pratiquer le plus longtemps possible sans se blesser.

kgh89@korea.kr