Entretiens

21.04.2025

Le Mannam Quartet répète dans une salle de prière du temple du won bouddhisme dans l’arrondissement de Dongjak, à Séoul, le 9 avril 2025. © Lee Jeong Woo / Korea.net

Le Mannam Quartet répète dans une salle de prière du temple du bouddhisme won dans l’arrondissement de Dongjak, à Séoul, le 9 avril 2025. © Lee Jeong Woo / Korea.net



Par Gil Kyuyoung

Le 9 avril dernier, dans une salle de prière du temple du bouddhisme won, à Séoul, quatre religieux entonnent des airs de la chanson Evergreen, de Yang Hee-eun. « Et si on accélérait un peu cette partie ? » « Il faudrait augmenter un peu le ton à cet endroit. » Les discussions sur l’interprétation du morceau étaient ponctuées de sourires, créant une atmosphère joyeuse et chaleureuse.

Le Mannam Quartet est un quatuor formé de représentants issus des quatre religions : le protestantisme, le catholicisme, le bouddhisme et le bouddhisme won, un courant bouddhiste présent en Corée. En 2022, le pasteur Kim Jin, le père Ha Sung Yong, le moine Sung Jin et le professeur Park Sewoong se sont réunis pour fonder ce groupe, dont le nom, « mannam », signifie « rencontre » en coréen.

« La musique est un élément culturel accessible à tous, quelle que soit sa religion. Nous avons voulu échanger avec un large public par le biais de la chanson », explique le pasteur Kim Jin.

Le répertoire principal du groupe inclut des chansons populaires coréennes, telles que Beautiful World, Don’t Worry, I Have No Problem et Run With Me. « Les chansons populaires sont familières à tous, ce qui permet aux croyants et aux non-croyants de se réunir », souligne le professeur Park Sewoong.

Les membres du Mannam Quartet lors de leur interview avec Korea.net. De gauche à droite : le père Ha Sung Yong, le pasteur Kim Jin, le moine Sung Jin et le professeur Park Sewoong. © Lee Jeong Woo / Korea.net

Les membres du Mannam Quartet lors de leur interview avec Korea.net, à Séoul, le 9 avril 2025. De gauche à droite : le père Ha Sung Yong, le pasteur Kim Jin, le moine Sung Jin et le professeur Park Sewoong. © Lee Jeong Woo / Korea.net


En trois ans, le quatuor a donné plus de 200 concerts, gagnant de plus en plus de succès auprès du public. Quel est le secret qui lui permet de toucher autant de monde ?

« Nous ne sommes pas très bons chanteurs. Certains disent même que si nous chantons trop bien, notre charme disparaîtrait », plaisante le père Ha Sung Yong. « Mais à chaque fois, nous prenons du plaisir à relever le défi et beaucoup de gens semblent pouvoir y obtenir une forme de courage, d'espérance. »

Si la plupart soutiennent leur initiative, d’autres se montrent inquiets devant leurs différentes fois. « Il n’y a presque pas de conflits entre nous, car nous respectons nos différences », affirme le père Ha Sung Yong. « Je pense que notre activité contribue à briser l'idée reçue selon laquelle les différences entraînent inévitablement des conflits », ajoute-t-il. Le professeur Park Sewoong a compris de son côté que « les religions peuvent œuvrer ensemble pour améliorer le monde » en participant au quatuor.

« La différence n’est pas une cause de conflit, mais plutôt une occasion de partager la valeur et la beauté de la diversité », a déclaré le père Ha Sung Yong. © Lee Jeong Woo / Korea.net

« La différence n’est pas une source de conflit, mais plutôt une occasion de partager les valeurs et la beauté de la diversité », selon le père Ha Sung Yong. © Lee Jeong Woo / Korea.net


En mai dernier, le quatuor avait donné un concert à la maison de retraite Arirang de Tachkent, en Ouzbékistan, devant les Goryeoin déportés de force pendant l’occupation japonaise. Au début, leur réaction était assez réservée, mais l’atmosphère dans la salle a radicalement changé lors de leur dernier morceau, Spring in My Hometown.

« Les aînés ont commencé à chanter les uns après les autres, profondément touchés par le mot "patrie" », se souvient le moine Sung Jin. « Les émotions lors d'un tel moment sont indescriptibles, c’était comme si je retrouvais ma famille après une longue séparation », poursuit-il.

Un concert de rue donné en août dernier dans le centre commercial du 911 Ground Zero, à New York, reste également gravé dans leurs mémoires. « Lorsque nous avons chanté "You Raise Me Up", une personne s’est approchée et nous a dit que cette chanson avait touché son cœur », se rappelle le moine Sung Jin.

Les membres du Mannam Quartet posent après l’interview avec Korea.net. © Lee Jeong Woo / Korea.net

Les membres du Mannam Quartet posent après leur interview avec Korea.net, à Séoul, le 9 avril 2025. © Lee Jeong Woo / Korea.net


Le Mannam Quartet rêve désormais de se produire sur la scène du siège de l’ONU, à l’instar de BTS, et remporter le prix Nobel de la Paix. « Notre but n’est pas seulement de chanter, mais de semer les graines de la paix aux quatre coins du monde », a déclaré le pasteur Kim Jin.

gilkyuyoung@korea.kr