Journalistes honoraires

08.09.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Nathalie Fisz de France

Naëlys âgée de 18 mois. © Naëlys Villiot

Naëlys âgée de 18 mois. © Naëlys Villiot


J’ai rencontré plusieurs fois Naëlys aux déjeuners mensuels de l’association. Ces moments privilégiés nous permettent de garder le contact et de prendre des nouvelles de chacun. Comme le dit très bien Naëlys, le repas est avant tout un moment de convivialité et de partage. Naëlys accorde beaucoup d’importance au fait de passer du temps avec ses amis, et toutes les personnes qu’elle aime.

Récemment, Naëlys a brillé par son talent de chanteuse. Elle fait partie de la chorale « Chœur de Corée ». Elle a chanté avec brio pour le président sud-coréen Yoon Suk Yeol et la Première dame Kim Keon Hee à l’occasion de leur venue à Paris le 19 juin dernier. Elle a également chanté pour la fête de Racines Coréennes sur la péniche « Henjo » le 1er juillet. De manière générale, Naëlys aime participer à tous les évènements de l’association.

Elle a accepté de répondre à mes questions entre août et septembre de cette année, au fil de nos rencontres.

Naëlys, deuxième en partant de la droite avec Choeur de Corée. © Nathalie FISZ

Naëlys, deuxième en partant de la droite avec Choeur de Corée. © Nathalie FISZ


Les mots de Naëlys

Nathalie Fisz : Dans ta famille, c’est ton papa qui a été adopté. À quel âge est-il arrivé en France ?

Naëlys Villiot : Mon père est arrivé en France à l’âge de six ans.

Est-ce que tu parles avec lui de son enfance ? As-tu été informée ou associée à des recherches sur ses parents biologiques ?

Mon père ne se souvient pas de son enfance en Corée. Nous n’avons donc pas pu parler de cela. Il n’a jamais été intéressé par le fait de retrouver ses parents biologiques, car il a construit sa vie et sa famille en France. Pour lui, son pays c’est la France, celui de ses valeurs, celui de sa femme et de ses enfants. Il a d’ailleurs fait sa carrière dans l’armée française. Il envisage de voyager en Corée un jour, mais pour l’instant, il préfère Tahiti. Cependant, nous avons un jour entamé ensemble des démarches, afin d’obtenir plus d’information sur son histoire personnelle auprès de la « Holt », car cela me tenait à cœur. Mais nous n’avons pas cherché à contacter ses parents biologiques.

Naëlys avec ses parents, sa grand-mère maternelle, sa grande sœur, son petit frère venu avec une amie. © Naëlys Villiot

Naëlys avec ses parents, sa grand-mère maternelle, sa grande sœur, son petit frère venu avec une amie. © Naëlys Villiot


Quel est, à ton avis, le ressenti de ton papa au sujet de son expérience et de son enfance ? Et quel est son rapport avec la Corée ?

Je ne peux pas me mettre à la place de mon père ou parler en son nom, mais je pense qu’une fois arrivé en France, il a décidé d’aller de l’avant à sa manière en n’ayant aucun rapport avec la Corée. Sauf pour la nourriture et les K-dramas bien sûr !

Quel est ton métier actuel ? Quelles sont tes activités extra-professionnelles ? Tes passions, tes projets ?

Je suis contrôleuse de gestion Media (chaînes TV et Disney+) à The Walt Disney Company, mais je commence un nouveau travail en décembre, comme consultante finance et performance d’entreprise, dans un cabinet de conseils. Avec ma sœur, nous sommes en démarche de création d’une entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits cosmétiques naturels, basés sur les bienfaits des ressources marines, eco-friendly et français ! Nous avons décidé d’appeler l’entreprise « Nami » comme l’île de Corée du Sud pour faire un clin d’œil à nos origines coréennes, et parce que nous avons grandi sur une ile. J’apprends le coréen. Ça me tient vraiment à cœur de pouvoir parler la langue de mes origines. J’aime aussi participer à des courses comme les 10km « Adidas » ou le semi-marathon de Paris. Ce qui décrit le mieux ma passion, c’est de passer du bon temps avec les personnes que j’aime. J’adore sortir au restaurant, au karaoké et voyager avec elles. Sur mes réseaux sociaux, je suis souvent photographiée avec un bon plat, ou un verre.

Depuis quand t’intéresses-tu à la culture coréenne ? Est-ce que tu t’y intéresses plus que ton papa ?

Je me suis intéressée à la culture coréenne fin de l’école primaire/début du collège. C’est l’âge où nous commençons à comprendre qu’il existe des origines différentes, et essayons de comprendre les nôtres et notre identité. Je m’y intéresse bien plus que mon père. J’ai commencé par la musique (K-rap, K-pop, etc.), puis les films, et les séries. En grandissant, je me suis intéressée également à la cuisine, à la langue, à l’éducation coréenne…

Es-tu prête à connaître des aspects de la Corée moins connus du grand public ou des arts coréens traditionnels ?

Bien sûr. Par exemple, j’aimerais essayer d’apprendre des jeux traditionnels comme le « Go-stop ». J’ai assisté à des concerts d’instruments traditionnels que j’ai trouvés captivants, notamment les percussions comme le janggu, ou les cordes comme le gayageum ! Je trouve également la céramique coréenne magnifique et élégante.

Es-tu déjà partie en Corée ? As-tu des amis coréens ?

Je suis partie seule pendant trois semaines en avril dernier. C’était un voyage incroyable ! J’ai visité plusieurs villes, rencontré des personnes gentilles et aidantes, mais surtout pratiqué mon coréen ! J’ai également une amie coréenne que j’ai rencontrée en arrivant à Paris.

Quelle est la perception que tes amis coréens ont de toi ? Double culture ? Plus française ? Plus coréenne ?

C’est une question compliquée. Je suis française et j’ai toujours grandi comme telle. J’ai des origines coréennes, mais je n’ai jamais baigné dans cette culture, d’un point de vue familial. On m’a fait remarquer que l’éducation que j’ai eue présente des similarités avec l’éducation coréenne. Je pense au respect des ainés, à l’importance de la famille, au partage des plats ! J’adore aller au barbecue coréen, et m’occuper de toute la table. On m’a également fait remarquer que mes goûts en termes de make-up, coiffure, de nourriture, boisson sont similaires aux goûts des coréens.

La Corée est très en vogue, est-ce que tu penses que c’est attractif pour tes amis en France ?

Je pense en effet que la Corée devient de plus en plus attractive. Souvent, ils m’en parlent, parce qu’ils ont vu quelque chose dans un Drama, ou parce qu’ils ont envie de tester ou de visiter, ou alors parce qu’ils ont aimé un nouvel artiste, ou encore pour « le E-sport ».

Que penses-tu de cette « Hallyu » qui touche toutes les générations, y compris des mamans plus âgées qui connaissent les K–dramas et la K-pop parfois mieux que leurs propres enfants ?

Je trouve que c’est puissant la manière dont la Corée a réussi à rayonner sur le monde entier en peu de temps grâce à la vague « Hallyu ». J’adore le fait que ce soit quelque chose qui peut être partagé entre plusieurs générations. J’adore quand je rentre chez mes parents, et que j’entends ma mère écouter les BTS, le son à fond dans le salon en chantant du « yaourt coréen », et j’adore surprendre mon père le soir, à regarder des romances coréennes !

Naëlys chante au karaoké. © Naëlys Villiot

Naëlys chante au karaoké. © Naëlys Villiot


Comment as-tu connu l’association Racines Coréennes ? Par toi-même ? Grâce à ta famille ? Les deux ?

J’ai connu Racines Coréennes par moi-même, il y a deux ans, lorsque je suis arrivée à Paris. Je cherchais un moyen de me rapprocher de mes origines, notamment en apprenant la langue. En cherchant sur internet, je suis « tombée » sur le site de Racines Coréennes, et j’ai décidé d’intégrer l’association grâce à J’apprends le coréen en chanson avec l’atelier de Mme Kim. Au fil du temps et des rencontres (surtout celles de Laurent Jaedong Dumoulin et de Céline Ristors), je me suis impliquée de plus en plus dans l’association.

Depuis quand la connais-tu ? Qu’est-ce qui t’a attiré au moment où tu as rejoint l’association ?

Je connais l’association depuis deux ans. Ce qui m’a attiré le plus au moment où j’ai rejoint l’association a été la possibilité d’adhésion, même si nous ne sommes pas un adopté. Étant issue de la seconde génération et métisse franco-coréenne, je ne me voyais pas intégrer une association focalisée uniquement sur les adoptés ou avec peu d’ouverture d’esprit, car cela ne me représente pas.

Je trouve que le point fort de l’association, c’est la mixité des profils des membres.

Quelles sont les activités ou les événements que tu aimes le plus ou auxquels tu participes ?

Je participe à de nombreux évènements (pour ne pas dire pratiquement tous), surtout ceux organisés à Paris. J’aime tous les évènements auxquels j’ai pu participer, mais je dirais qu’il y en a quatre qui me viennent tout de suite en tête, car ils permettent de rencontrer et d’échanger facilement avec différentes personnes.

Déjeuner mensuel à Paris : cet évènement permet de garder un contact régulier avec différents membres de l’association. On y mange très bien et le verre d’après repas, c’est la clé pour socialiser facilement !

Visio-apéro : de même que le déjeuner mensuel, cet évènement est un rendez-vous régulier entre adhérents. Ce qui est le plus intéressant, c’est que cela nous permet d’échanger avec les membres présents dans toute la France. J’ai pu rencontrer des membres de différents bureaux, avant même de les voir physiquement !

Apéro nocturne : le long du canal St martin, cet évènement était vraiment agréable. Nous nous sommes retrouvés à plusieurs, chacun a amené de quoi boire et manger. Les plus fêtards ont terminé à « pas d’heure » !

Fête annuelle : aux pieds de Notre-Dame, c’est l’évènement incontournable pour de nombreux adhérents. C’est l’occasion de pouvoir se rencontrer en face à face !

Est-ce que l’association Racines Coréennes te permet d’exprimer facilement et pleinement ta part coréenne ?

Oui, énormément ! Grâce à Racines Coréennes, j’ai pu me rapprocher de mes origines en découvrant des aspects de la culture coréenne que je ne connaissais pas, notamment en participant à des évènements au centre culturel coréen. J’ai pu apprendre sur l’histoire de la Corée en participant à « Samiljeol », la commémoration du mouvement d’indépendance, ou encore au vernissage de l’exposition « Pour toujours dans vos mémoires », une exposition de photos au centre culturel sur des soldats français ayant participé à la guerre de Corée.

J’ai également pu rencontrer différents adoptés qui ont chacun leur avis sur l’adoption, et la recherche de leurs identités. Ceci m’a permis de prendre de la hauteur vis-à-vis de ma vie personnelle, et de ma recherche d’identité. Ce qui m’a le plus permis d’exprimer facilement et pleinement ma part coréenne, c’est la rencontre d’autres enfants d’adoptés. C’est bien de voir que nous pouvons discuter et partager des avis, des réflexions et des expériences auxquelles notre statut de métisse (sans forcément de double culture) nous amène à nous confronter.

As-tu des suggestions à faire à l’association, ou des activités que tu voudrais qu’elle propose ?

Depuis quelque temps, nous discutons sur le fait d’organiser des événements justement pour les jeunes adultes de l’association. J’aimerais bien que nous puissions nous retrouver autour d’un verre et apprendre à nous connaitre. C’est difficile de lancer le mouvement, mais nous essayons ! Nous avons créé un groupe WhatsApp afin de faciliter les échanges, j’essaye d’ajouter de nouveaux membres dès que j’en rencontre.

Quelques mots encore

Les enfants et les jeunes gens sont chouchoutés et très bien entourés par Racines Coréennes. Lorsqu’on fait la connaissance de Naëlys, on est rapidement « emporté » par sa joie de vivre. Portée par l’amour de sa famille et de ses amis, elle ne se donne aucune limite pour connaître la culture coréenne. Cette culture fait et fera toujours partie de son ADN.

Naëlys, troisième en partant de la gauche durant une répétition de chant avec Choeur de Corée. © Naëlys Villiot

Naëlys, troisième en partant de la gauche durant une répétition de chant avec Choeur de Corée. © Naëlys Villiot


Retrouvez Naëlys Villiot sur son compte Instagram.


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr