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12.09.2025

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Le pavillon Design Korea au Salon Maison&Objet 2025 à Paris. © Agence Rumeur Publique

Le pavillon Design Korea au salon Maison&Objet 2025 à Paris. © Agence Rumeur Publique



Par Lantou Onirina

Paris, septembre 2025.

Le salon Maison&Objet s’est ouvert comme une agora mondiale, où se rencontrent les formes, les matières et les imaginaires du design.

Au cœur du Hall 7, le pavillon Design Korea 2025 a choisi une métaphore singulière : celle d’une boîte à offrir, symbole de promesse et de partage.

Je n’ai pas arpenté un salon : j’ai ouvert une boîte et entrepris un voyage.

Un voyage à travers des objets qui parlent de mobilité, de nature, de lumière ou de souvenirs.

Un voyage où tradition et innovation marchent ensemble, sans jamais s’annuler.

Le voyage d’une boîte

J’ai emporté avec moi la valise RAWROW. Elle est sobre, robuste, modulaire. Comme les jours à venir, encore flous mais pleins de promesses. En Corée, cette marque a vu le jour pour penser une mobilité souple, durable, adaptée à nos vies qui bifurquent. C’était la première étape.

Le Ham, dans la tradition coréenne, est une boîte offerte par le fiancé à la famille de la fiancée. À l’intérieur, des objets choisis avec soin : soie, lettres, alcool. Un héritage, un engagement. Une manière de dire : je suis prêt à cheminer.

Et si cette boîte n’était plus livrée à une maison, mais à un monde à arpenter ?

Et si ce que l’on offrait aujourd’hui, c’était une autre façon de vivre, de voyager, d’habiter ?

Première escale : marcher avec les autres

Dans le compartiment latéral, j’ai glissé un sac Jerrybag. Cette marque ne vient pas de nulle part. Elle est née en Ouganda, d’une rencontre entre un designer coréen et des enfants qui marchaient des heures pour aller chercher de l’eau. Le sac jerrycan est devenu sac à dos : même forme, nouvelle fonction, allégée, libérée.

Aujourd’hui, Jerrybag collabore avec des artisans africains et coréens, développe des matériaux recyclés et ne perd jamais de vue sa mission première : soulager, partager, transmettre.

Sur l’épaule, il ne pèse presque rien. Dans l’esprit, il pèse bien davantage. Le sac Jerrybag - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique

Sur l’épaule, il ne pèse presque rien. Dans l’esprit, il pèse bien davantage. Le sac Jerrybag - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique


Deuxième escale : retrouver la nature


La route traverse les campagnes du Gyeongsang du Sud. Dans un marché, entre deux bols de riz, je découvre fromgreen. Des couverts aux manches souples, des plateaux en bois noirci, des sets de table qui semblent faits de feuilles séchées.

Leur nom évoque ce qui pousse, ce qui revient. From green to meaning : c’est leur philosophie. Et dans chaque objet, une tentative d’équilibre entre matière et temps. Ici, la nature n’est pas décorative. Elle est essentielle.

Je m’arrête. Je respire. J’écris.

Troisième escale : écrire ce qui passe

Un crayon découvert en chemin. Ni simple outil, ni bijou, mais un curieux équilibre entre les deux.

Zaitansopen l’a conçu : un crayon unique, jamais taillé, où la pointe est formée par la compression de centaines, voire mille mines. Cette technologie étonne, sa durée d’usage est presque infinie. Le corps combine aluminium et CXP, un sous-produit forestier écoresponsable, coiffé d’un hexagone qui rend son usage intuitif et stable. Quand je trace un mot avec ce crayon, j’ai l’impression que chaque trait ancre un fragment de voyage, comme si la page en gardait l’écho.

À chaque page tournée, je glisse un morceau du voyage. La fatigue d’un matin pluvieux. Le rire d’un enfant devant une lampe. Les odeurs d’un café partagé dans un centre d’art.

Quatrième escale : se souvenir, et accrocher

Je suis arrivée dans une chambre blanche, quelque part entre Busan et Paris. Les murs étaient nus. Alors j’ai déposé dessus une tuile VerQ, au design si épuré qu’on la devine à peine. Je l’ai accroché discrètement. Elle murmure l’image du soir passé à Busan ou la mélodie lointaine d’un port. Avec cette technologie discrète et sensible, on peut archiver un souvenir, un mot, une image. Et quand on le touche, la mémoire revient.

C’est un bijou, c’est un carnet. C’est un album photo de l’intime. Un Ham que je porte sur moi.

Cinquième escale : épurer le geste

Plus tard, dans le calme d'une pièce tamisée, j’ai ouvert un coffret de Cloisoo. Une théière en argent délicatement cloisonné, ses émaux flamboyants captant la lumière comme une respiration silencieuse. Ce n’est pas un simple objet : c’est une émotion révélée, un fragment de temps précieux rendu intemporel. Elle ne diffuse pas la lumière : elle la retient. Elle est tout d’un geste offert, comme un souvenir devenu matière.

Sixième escale : les territoires qui tracent

Sur le chemin du retour, je me suis demandé d’où venait ce souffle si particulier. Pourquoi ce Ham, même rempli d’objets inconnus, semblait familier, bienveillant, presque vivant ? Peut-être parce qu’il n’était pas né d’un seul lieu : Busan, la portuaire, y a glissé ses embruns. Ulsan, l’industrielle, sa précision. Gyeongsang du Sud, ses gestes ancestraux. Ces régions partenaires de Design Korea 2025 ont nourri la sélection exposée non par le folklore, mais par l’énergie. Celle qui jaillit d’un geste local devenu message global.

Ce pavillon n’était pas un décor figé. C’était une carte mentale, où chaque marque posait son propre point cardinal.

Et moi dans tout ça ? Je n’ai pas tout vu. Je n’ai pas tout compris. Mais j’ai reçu le Ham, et je l’ai ouvert, morceau par morceau, comme on ouvre un paysage, ou un poème.

Ce que je retiens de Design Korea 2025, ce n’est pas une vitrine figée. C’est une promenade à travers les objets, où tradition et innovation marchent côte à côte, sans jamais s’annuler. Une manière d’offrir le monde à l’autre, avec soin, avec style, avec sens.

Le crayon Zaitansopen - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique

Le crayon Zaitansopen - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique


Le Ham comme stratégie : offrir mieux, offrir loin

Design Korea, ce n’est pas une simple exposition. C’est une démarche portée par le Korea Institute of Design Promotion (KIDP) depuis plus de cinquante ans. Une façon de faire voyager autrement : pas en imposant, mais en proposant. Pas en criant, mais en tendant la main.

Avec le soutien du ministère coréen du Commerce, de l’Industrie et de l’Énergie, cette boîte coréenne devient messagère. Elle n’a pas vocation à se refermer. Au contraire, elle cherche les bonnes mains. Celles des acheteurs, des curateurs, des lieux d’accueil.

En 2024, plus de 600 professionnels ont répondu à l’invitation, générant près de 20 millions de dollars de potentiel commercial. Certains objets sont depuis entrés au MoMA, d’autres chez Merci, d’autres encore chez Starbucks, à l’intersection du design et de l’usage.

Mais ces chiffres ne sont pas là pour impressionner. Ils sont là pour dire : nous avons encore des choses à transmettre.

Le voyage ne s’est pas arrêté au terminal, ni au seuil de la porte. Il a simplement changé d’échelle.

Chez moi, je rêve. Le matin, je voudrais boire mon thé dans une tasse signée Hériter, fine, irrégulière, précieuse comme un silence bienvenu. Avoir une lampe de chevet ILKW, inspirée des hanok, qui projette une lumière oblique et me rappelle les fins d’après-midi à Busan. Sur la table, un carnet Millimeter Milligram (MMMG) resterait ouvert, comme une invitation à noter ce qui mérite d’être retenu. Et dans la cuisine, un petit ventilateur Lumena tournerait doucement, comme pour me murmurer que même la technologie peut être douce.

Dans ce Ham que j’ai transporté, il resterait de la place. Assez pour accueillir d’autres récits. D’autres gestes. D’autres regards sur le monde.

Parce que ce voyage-là n’était qu’un prélude. Il reste encore 15 autres marques à découvrir. 15 chemins à emprunter, 15 idées à offrir, 15 façons d’habiter autrement.

À Maison&Objet, chaque pavillon raconte une histoire. Celui de la Corée, cette année, n’a pas choisi le langage du spectaculaire, mais celui du partage. Comme le Ham transmis lors d’un mariage, Design Korea 2025 a ouvert une boîte pleine de promesses : promesses d’objets qui embellissent nos gestes quotidiens, promesses de collaborations internationales, promesses d’un futur où tradition et innovation se tiennent par la main.

Et si le voyage s’achève à Paris, la boîte, elle, ne se referme pas.

Elle attend d’être transmise encore. De maison en maison, de regard en regard, de vie en vie.

Ventilateur Lumena, - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique

Ventilateur Lumena, - Maison&Objet, le pavillon Design Korea 2025. © Agence Rumeur Publique



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