Depuis 2009, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme invite des représentants du monde artistique du monde entier via son programme K-Fellowship afin de promouvoir les échanges internationaux. Ce programme a déjà permis d'accueillir plus de 200 directeurs de musées, d'opéras ou de galeries d'arts en Corée et de mener différents projets de collaboration. Cette année, le K-Fellowship reçoit 15 personnes, toutes recommandées par les centres culturels coréens du monde entier. Parmi elles, Aviva Rosenthal, directrice du bureau des relations internationales de l'institution de recherche Smithsonian Institution, à Washington, aux États-Unis.
Aviva Rosenthal, directrice du bureau des relations internationales à la Smithsonian Institution, s’exprime durant son interview avec Korea.net au Kocis Center de Séoul, le 25 juillet 2024. © Lee Jun Young / Korea.net
Par Yoon Sojung
La Smithsonian Institution est un complexe muséal situé à Washington, la capitale américaine. Fort de ses 19 musées et 9 centres de recherche, il constitue un lieu central de diffusion de la culture dans le monde.
En avril dernier, l'institution a signé un protocole d’accord avec le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme. La directrice de son bureau des relations internationales, Aviva Rosenthal, qui s'est rendue en Corée en juillet, a souligné l'importance capitale de « la coopération avec la Corée » pour diffuser la richesse culturelle de la Smithsonian Institution, notamment à travers échanges humains et culturels.
Korea.net a rencontrée Aviva Rosenthal au Kocis Center de Séoul le 25 juillet dernier.
Korea.net : Vous vous êtes rendue dans plusieurs musées durant votre visite en Corée. Qu'y avez-vous fait ?
Aviva Rosenthal : J’ai rencontré les directeurs et les responsables de ces musées afin de discuter de notre coopération sur des projets communs. Nous nous sommes engagés à renforcer la collaboration avec nos musées et galeries, dont le National Museum of Asian Art, le Hirshhorn Museum et le Cooper Hewitt Design Museum. La volonté du ministère coréen de la Culture de créer des « musées mondiaux » m’a beaucoup impressionnée.
Sur quoi le protocole d’accord signé entre le ministère de la Culture et la Smithsonian Institution a-t-il abouti ?
D'abord, une exposition mettant en lumière la collection de l’ancien président du groupe Samsung, Lee Kun-hee, est prévue pour l'année prochaine au National Museum of Asian Art de Washington. L'accord a ensuite débouché sur la nomination d'un commissaire coréen dans ce même musée, en collaboration avec la Korea Foundation, et à l'installation en mai dernier de la sculpture
Public Figures, de l’artiste coréen Do Ho Suh, pour célébrer le centième anniversaire du musée.
Dans quels domaines votre institution souhaite-t-elle coopérer avec la Corée ?
Nous souhaitons coopérer dans les domaines du numérique, de la réalité virtuelle, de la culture et du folklore, des festivals et des fêtes traditionnelles. Notre objectif est de promouvoir l’art, la culture et l’histoire coréens à l’échelle mondiale. Nous envisageons également de lancer des projets immersifs, à l'image de l’exposition
Decoding Korea présentée lors des Jeux olympiques de Paris.
Pourquoi votre institution s’intéresse-t-elle autant à l’art et la culture coréens ?
En tant que complexe de musées et de centres de recherche, la Smithsonian Institution a un objectif principal d'enrichissement des connaissances. Nous avons depuis longtemps un intérêt profond pour l’art, la culture et la science coréens, et nos musées possèdent une riche collection d’objets coréens d’une grande valeur anthropologique.
La fête de Chuseok, organisée l’année dernière par le National Museum of Asian Art et le centre culturel coréen de Washington, a attiré plus de 60 000 visiteurs. Le Center for Folklife and Cultural Heritage se consacre quant à lui au patrimoine, à la nourriture, à l’artisanat et à la musique coréens. Le Hirshhorn Museum expose également des œuvres d’artistes coréens comme Nam June Paik et Jae Ko, tandis qu'au Cooper Hewitt Design Museum, on souhaite aussi établir des partenariats avec la Corée. La coopération avec un partenaire international comme la Corée est essentielle pour accroître notre influence à travers le monde.
Combien d’objets coréens votre institution possède-t-elle ?
Notre institution possède plus de 23 000 pièces, timbres, céramiques et photos issus de l'art coréen.
Ma pièce préférée est sans doute la sculpture de Do Ho Suh
Public Figures, installée devant le National Museum of Asian Art, en face du Congrès des États-Unis que des milliers de personnes visitent chaque jour. Cette œuvre invite à réfléchir sur l’histoire, le gouvernement et les citoyens, avec un piédestal vide soutenu par des centaines de figures humaines en dessous. Elle bouscule les traditions et suscite des changements, à l’instar d’autres œuvres d’art contemporain. Je suis vraiment ravie qu’elle soit exposée jusqu’en 2029.
La sculpture de Do Ho Suh, Public Figures, installée devant le National Museum of Asian Art. © National Museum of Asian Art
Quelle position occupe la Corée en tant que partenaire de votre institution ?
Nos musées possèdent une vaste collection d’objets coréens dans différents domaines, allant de la science au design en passant par l’histoire. Nous continuons de présenter des œuvres coréennes au public américain, parmi lesquelles
Electronic Superhighway (1995) de Nam June Paik, qui est une œuvre emblématique de notre institution.
Selon vous, la coopération entre la Corée et les États-Unis contribuera-t-elle au développement de l’art et de la culture ?
La coopération bilatérale repose sur les solides relations entre nos deux pays, ce qui nous permettra de lancer à moyen et long terme des projets créatifs et intéressants pour promouvoir le développement de l’art et de la culture.
L’installation Electronic Superhighway de Nam June Paik exposée au Smithsonian American Art Museum. © Agence de presse Yonhap
arete@korea.kr